Aujourd’hui je vous parlais des huiles, et en particulier de l’ huile de lin.
Dans les arts graphiques : l’emploi de l’huile remonte à la Préhistoire. Des analyses ont montré que les artistes du magdalénien ont utilisé des huiles ou des graisses végétales comme liant pour leurs peintures dans les grottes d’Hélène et des trois frères de même à Fontanet. (Source François Perego)
Les principales huiles utilisées dans la peinture artistique sont :
Huile de lin, c’est l’une des plus utilisées dans l’art, Elle a un fort pouvoir siccatif par contre elle a tendance à jaunir. On évite de l’utiliser dans les broyages des couleurs blanches et bleues.
Huile d’oeillette, appelée aussi huile de pavot, c’est une huile qu’on a longtemps utilisée pour broyer justement le blanc et le bleu, la marque Talens, dans son manuel les matériaux pour artiste peintre porte un jugement très sévère sur cette huile que la marque accuse de faire poisser indéfiniment les couleurs.
Huile de carthame est une huile qui de plus en plus utilisée par les marques dans le cadre du broyage, certaines personnes émettent un doute sur cette huile, n’ayant pas le recul nécessaire sur sa stabilité dans le temps.
Huile de tournesols (chez LUKAS)
Nos anciens utilisés aussi huile de noix, c’est une huile qui a été longtemps utilisée par les vieux maître, mais depuis lors elle est tombée en discrédit. On lui reproche de rancir facilement. J’ai teste et une bouteille d’huile de noix entamée, met moins de trois mois pour rancir
Huile d’œuf, c’est Vibert qui a signalé le premier que le jaune d’œuf renfermait une huile possédant des qualités intéressantes du point de vue pictural. Ses huiles se distinguent des autres huiles animales par deux propriétés surprenantes elle ne se corrompt pas et dissout les résines à froid (source Xavier de Langlais). C’est Vibert qui a créé pour la marque Lefranc et Bourgeois, le fameux médium à l’œuf.
Huile de lin
Cette huile est extraite des graines de lin. Il faut savoir qu’il existe deux types de lin, le lin oléagineux, et le lin textile. Le lin oléagineux ses fibres sont plus courtes, plus ramifiées et il produit plus de graines, alors que le lin textile à des tiges plus longues.
Les graines de lin sont stockées pendant plusieurs mois dans un virus sec après leur récolte.
En général les graines sont préalablement chauffées autour de 115° et cela pendant 30 à 60 minutes, cette étape permet de diminuer la viscosité de l’huile. Ensuite elles sont souvent pressées.
Il existe tout un procédé de raffinage de l’huile brute, assez complexe et dont je ne vous parlerai pas pas, pour ne pas rentrer dans des termes trop techniques, mais sachez que les trois principales phases sont le dégommage, la neutralisation, et la décoloration.
Utilisation
Pendant longtemps huile de lin était utilisée dans le broyage des couleurs.
Comme je l’ai signalé ci-dessus on l’apprécie beaucoup pour l’ensemble des couleurs qui sont en général peu sensible au jaunissement, ainsi que pour les couleurs moins siccatives comme certains noirs.
Mais nous la retrouvons aussi dans la confection de médium à peindre, de vernis gras et d’encre grasse.
Son séchage.
Dans le cadre de l’huile, on ne peut pas parler vraiment de séchage car elle ne s’évapore pas. Huile durcie par oxydation, lorsqu’elle a absorbé une quantité d’oxygène suffisante. Ce qui nous permet de constater une augmentation de son poids, elle se solidifie à partir de la couche la plus superficielle. Toutefois le film dur obtenu très rapidement, isole de l’air (de l’oxygène) et retarde par conséquence l’oxygénation et le séchage de la peinture en son cœur.
C’est pourquoi très souvent je déconseille d’augmenter la siccativité de l’huile, car même si la première peau se fait encore plus rapidement, cela ralentit considérablement le séchage à cœur.
La cuisson des huiles de lin.
La cuisson des huiles a très longtemps passionné les maîtres picturaux. Ce qui explique que nous retrouvons dans de nombreux écrits, un nombre un considérable de recettes de cuisson d’huiles.
Toutefois deux techniques semblent être privilégiées, à feu nu ou par eau bouillante.
Les avantages d’une huile cuite sont :
un brillant plus dur, proche de celui de l’émail,
une viscosité plus accentuée, les couleurs broyées avec ce type d’huile donnent une patte qui s’arrondit plus facilement sous le coup de pinceau.
Une siccativité plus grande, personnellement sur une huile que j’ai cuite pendant plus de trois heures, j’ai obtenu une siccativité proche du double.
Une des recettes qui m’a amusé dans mes recherches c’est la fameuse recette de la plume du poulet.
Prendre un demi-litre d’huile de lin la versait dans un pot en terre ajoutée trois gousses d’ail et laissez cuire jusqu’à ce qu’une plume de poulet frise.
Personnellement j’utilise un vieux faitout en terre cuite, que je mets sur le gaz et je laisse cuire pendant trois heures à feu doux, avec un oignon, c’est l’oignon qui me dit si l’huile est assez cuite ou pas, il faut qu’il donne l’impression d’être grillé.
Après sa cuisson huile a un aspect noirâtre, pour la clarifier, je la verse dans un pot en verre transparent à large ouverture, je la mets sur le rebord d’une fenêtre très souvent ensoleillée. Je ne referme pas hermétiquement ce récipient en règle générale je pose une lamelle de verre dessus. J’attends trois à quatre mois avant son utilisation.
J’ai remarqué que quand je faisais cette recette l’été l’huile avait plus de force.
Les huiles polymérisées.
Elle porte plusieurs noms, l’huile de lin polymérisée, la standolie ou la stand – Oil
Les huiles polymérisées, sont extrêmement onctueuses et donne une patte riche et très jolie. Personnellement je ne l’utilise pas je préfère utiliser l’huile cuite car je trouve qu’elle arrondit trop fortement sous les coups de pinceau. Mais cela est dû à ma technique picturale.
Son défaut : Elle est beaucoup moins siccative.
Attention c’est une huile a utilisée avec beaucoup de précautions. Car sa viscosité, son manque de siccativité, interdisent de l’employer pure.
Mon avis :
je vous conseille d’utiliser l’huile de lin, crue ou cuite, plutôt dans le broyage des couleurs ou la fabrication d’un médium ou d’un vernis.
Je vous déconseille de l’utiliser pure pour diluer une peinture sortie du tube.
Bonjour, pour faire un médium a peindre a l’huile au couteau uniquement, que me conseillez-vous ? Jusqu’à présent j’utilisais de l’huile d’oeillette 1/3 et 2/3 de therebentine.
On m’a conseillé de l’huile de lin cuite avec de la therebentine et du blanc d’Espagne !
Je voudrais savoir ce qui est le mieux pour la conservation des œuvres, pour éviter les craquelures ce qui m’arrive parfois.
Avec mes remerciements
Cordialement
Mme Remaud
Bonjour,
j’ai lu que l’huile de noix alimentaire est à proscrire en peinture à l’huile, car c’est vrai, elle rancit. En revanche, elle est excellente après traitement adapté à cet usage. Elle est moins siccative que l’huile de lin, ce qui est parfois bien utile. Elle jaunit très peu. Je n’en ai trouvé que sur internet, et pas du tout en magasin spécialisé.
Bien cordialement,
D.Girodon
Bonjour Daniel,
C’est exact mais ce n’est pas parce qu’elle est alimentaire, c’est simplement que l’huile de noix rancit vite.
Mais sachez qu’elle a été longtemps utilisée par les peintres d’autrefois. Aujourd’hui on va privilégier, les huiles de carthame ou de tournesol.
bonne journée
Thierry