Le médium de William TURNER

En matière de Médium,en France, nous parlons souvent de Van Eyck, et/ou des peintres vénitiens. Mais quand est-il de peintres anglais. Comment ont-ils connus le travail de Van Eyck.(1390–1441)
Petit retour en arrière dans l’histoire à la période post-impressionnisme en Grande-Bretagne
C’est l’époque de Joseph Mallord William Turner, ou J.M.W. Turner, (1775-1851) et Joshua Reynolds (1723-1792).

(c) National Museum of Wales / Amgueddfa Cymru; @Joshua Reynolds

Les premiers médiums de peinture à l’huile étaient une combinaison d’huiles, de pigments et de résines et prenaient des semaines, voire des années, pour sécher complètement. Un artiste ne pouvait pas ajouter une autre couche de peinture au-dessus d’une précédente couche «non-sèche» sans risquer que la peinture coule lentement sur la toile.
Dans ses recherches, J.M.W.Turner n’hésite pas à tester des combinaisons étranges d’aquarelle et d’huile ainsi que de nouveaux produits dans ses toiles. Parfois, il utilise même des matériaux inhabituels comme le jus de tabac et la bière vieillie, avec pour conséquence la nécessité aujourd’hui de restaurer régulièrement ses œuvres.
William Tuner, ainsi que de nombreux autres, ont utilisé un médium, mélangé à leurs peintures à l’huile, connu ensuite sous divers noms anglais comme Gumtion, McGuilpis, Macgilp et Megilp.
Quel que soit son nom, la formule était essentiellement un mélange de vernis mastic et d’une huile telle que l’huile de noix, de lin, de carthame ou de pavot, cuite à la litharge ou au plomb blanc.
La formulation particulière de Turner du mégilp consistait en une résine séchée de mastic, de l‘acétate de plomb, de l‘huile de lin et de la térébenthine. La concoction gélatineuse de couleur beurre qui en a résulté a permis à ses couches d’huile de sécher en quelques jours, prêtes pour la couche suivante, on se rapproche du vernis de Van Eyck, mais avec 300 ans de décalage.

Cela lui a permis d’accumuler rapidement des glaçures lumineuses de couleur donnant à son travail l‘apparence lumineuse du soleil.
Malgré sa fameuse insouciance à propos de l’utilisation de rouges fugitifs dans ses peintures, il semble que Turner ait pris soin de formuler correctement son Médium afin qu’il ne s’assombrisse pas avec le temps.
L’effet a été sensationnel et a contribué à le rendre célèbre.
Sans ce médium, il est possible que Turner n’ait pas gagné autant de succès pour son travail. On peut cependant supposer que les changements préjudiciables observés dans certaines peintures de Reynold peuvent avoir résulté de sa dépendance à une formulation moins durable.
Ce médium est très proche de celui qu’avait découvert Antonello de Messine (1430 – 1479). Antonello découvre que de l’huile cuite en présence de plomb peut former une excellente pommade siccative et ductile, à condition toutefois que la quantité de plomb soit supérieure à 25 %. Avec une quantité inférieure à 25 % de plomb, le résultat reste un liquide plus ou moins épais. Cette pommade, véritable vernis au plomb, permettra non seulement d’obtenir des modelés plus rapide-ment que Van Eyck, mais aussi de rendre les détails les plus extrêmes ou les traits les plus fins. Sous les mouvements de la brosse, le médium se liquéfie pour se figer aussi vite lorsque ce mouvement s’arrête. Le plomb en contact avec les pigments fera la qualité de la couleur.
La pommade d’Antonello est foncée et altère les teintes claires. Sa brillance et sa consistance épaisse ne permettent pas de l’utiliser pour couvrir de grandes surfaces murales. Léonard limite la température de cuisson en ajoutant de l’eau à l’huile. Ainsi, tant qu’il y a de l’eau, la température de l’huile ne dépasse pas 100 °C. Le résultat est une pommade claire plus ferme, mais moins onctueuse. Il ajoutera alors 5 à 10 % de cire d’abeille en fin de cuisson.
Les scientifiques anglais ont dévoilé les propriétés chimiques du médium de Turner pour comprendre pourquoi le mélange fonctionne. Ils ont découvert que le composant principal du mélange génère une forme d’oxygène hautement réactive.
Cet élément réagit avec les huiles, accélérant leur temps de séchage. Il catalyse également la formation d’un gel organique-inorganique élastique qui maintient les pigments en place lorsque des couches de peinture supplémentaires sont ajoutées.
Ce qui est étonnant, c’est que William TURNER ai mis autant de temps, plus 300 ans, pour découvrir ce qui avait déjà était découvert par de MESSINE. 
Les informations entre les artistes ont très bien fonctionné entre la Flandre et l’Italie, mais pas du tout vers l’Angleterre.

2 thoughts on “Le médium de William TURNER

  1. bonjour,merci pour cet aperçu sur le médium utilisé par Turner…étonnant de penser qu’il ne l’est découvert qu’au XIX ème!!
    merci cher Monsieur, amicalement. Armelle

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