Plein feu : Pierre Soulage

Pierre SOULAGES


Dates : né le 24/12/1919
Lieux : Rodez (Aveyron)

Son parcours

Très tôt, presque immédiatement, Soulages a choisi la voie de l’abstraction, développant une démarche où « le faire » précède et l’emporte sur toute autre considération. Ce choix radical n’allait
pas de soi pour un jeune homme issu d’un milieu modeste ancré dans une petite ville alors très éloignée de l’actualité de l’art moderne. Soulages a vécu à Rodez jusqu’à l’âge de 20 ans ; c’est sur cette terre du Rouergue qu’il fit plusieurs découvertes qui ont contribué à forger une partie de ses goûts, des goûts simples et inscrits dans une histoire millénaire, qu’il s’agisse des imposantes et mystérieuses statues menhirs du Musée Fenaille, des pierres brutes baignées de lumière de l’Abbatiale romane Sainte-Foy de Conques ou encore des paysages désertiques des plateaux de l’Aubrac.
 
La rencontre avec l’art et avec la modernité interviendra plus tard, lorsque l’artiste, reçu au concours de l’École Nationale des Beaux-Arts, viendra à Paris et aura l’occasion de voir des expositions consacrées à Cézanne et à Picasso. Déçu par un enseignement qu’il trouve trop académique, il quitte l’école et repart à Rodez au moment où la guerre éclate. Il se réfugie bientôt dans les environs de Montpellier et, pour échapper au STO, entre dans la clandestinité, mettant entre parenthèse toute activité artistique pour travailler dans une propriété viticole. Ce n’est qu’à la fin du conflit qu’il s’installe à Paris où il ne connaît encore personne, avec celle qui est devenue sa femme et complice de toujours, Colette Laurens.

Sa démarche artistique

C’est à ce moment-là que va véritablement s’affirmer sa démarche artistique et que le peintre, qui n’a pas appris la peinture autrement qu’en faisant l’expérience, va oser s’engager dans une abstraction radicale sans redouter de se confronter à des matériaux atypiques :

Son matériel

on le voit étaler du brou de noix sur de grandes feuilles de papier, étendre du goudron sur des plaques de verre, et bientôt, barrer ses toiles d’épaisses couches de peinture brune apposées à l’aide d’une semelle de chaussures, un racloir ou un morceau de carton. Si le goût de l’époque se porte sur une peinture post-fauve très colorée, Soulages n’est pourtant pas le seul artiste à choisir l’abstraction dans cette période d’immédiate après-guerre ; celle-ci est portée par toute une jeune génération : Atlan, Bissière, Bryen, Hartung, Mathieu, Schneider, Vieira da Silva, Wols, Zao Wou-Ki, entre autres, pratiquent pour les uns une abstraction dite géométrique, pour les autres une abstraction qualifiée de lyrique par la critique.

Sa palette

Soulages les côtoie tout en se gardant bien d’enfermer sa pratique sous quelque dénomination et rapidement se distingue dans le choix d’une palette qui se réduit à des tonalités sombres : sienne, brun, ocre habitent la plupart de ses toiles d’alors et bientôt, seul le noir demeure. Le noir deviendra des années plus tard « Outrenoir », mot forgé par l’artiste pour désigner le «noir lumière » qui envahit la totalité de la surface de ses peintures à partir de 1979, et dont certaines formeront de grands polyptyques, créant de la sorte, non pas de simples monochromes,
mais de fascinants miroirs noirs qui capturent et reflètent subtilement la lumière.
« Le noir et le blanc, Vous prenez la peinture par les cornes, c’est-à-dire par la magie » lui avait prédit le poète Joseph Delteil.
Le noir et le blanc se retrouvent aussi dans la gravure que Soulages pratique dès le début des années cinquante ; toutefois, l’artiste semble s’autoriser sur le papier des développements
chromatiques auxquels il a renoncé dans sa peinture. Rares sont d’ailleurs les estampes exclusivement noires, dévoilant ainsi un autre aspect du travail de Soulages.

La gravure

Son oeuvre imprimé, dont l’eau-forte constitue le point culminant tant l’artiste est parvenu à profondément
réinventer cette technique au profit de sa recherche, ne saurait s’aborder comme une activité subordonnée à son travail de peintre. Balayant l’idée d’une hiérarchie entre les pratiques, Soulages estime en effet que la gravure est tout aussi importante que la peinture dans sa démarche artistique, dans la mesure où il s’est attaché à valoriser les qualités intrinsèques de cette discipline et que cette expérience est venue nourrir le reste de son travail, comme le fera d’une autre manière son travail sur le verre des vitraux de Conques. Amoureux des matériaux, fin connaisseur des techniques et expérimentateur infatigable, Soulages explique qu’il connaît
« des crises de gravures » durant lesquelles il renonce à peindre pour se consacrer exclusivement à la gravure.
Source texte
Musée d’art moderne et Contemporain de Strasbourg  

4 thoughts on “Plein feu : Pierre Soulage

  1. Bonjour, je voulais juste vous dire que j’ai aimé ce billet de blog. Il était utile. Continuez à poster!

    July

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